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Un nouveau gouvernement à l’image de la droitisation de l’électorat d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron en a fini avec les « amateurs » dont il était pourtant si fier en 2017. Le gouvernement de son premier ministre, Gabriel Attal, annoncé jeudi 11 janvier, depuis le jardin d’hiver de l’Elysée, renoue avec la politique d’antan, celle d’un « ancien monde » que le chef de l’Etat imaginait jeter aux orties lors de son arrivée à l’Elysée.
Pour former son équipe « resserrée », à l’image d’un « XV de France », d’après l’Elysée, et tournée vers « l’action, l’action, l’action », selon les mots du locataire de Matignon lors de son entretien au « 20 heures » de TF1, Emmanuel Macron a une nouvelle fois pioché dans les rangs de la Sarkozie, en recrutant l’ancienne garde des sceaux Rachida Dati, et s’est aventuré en Chiraquie pour aller chercher Catherine Vautrin, ministre de 2005 à 2007.
Deux femmes venues de la droite, donc, qui siégeront au conseil des ministres aux côtés d’autres anciens du parti Les Républicains (LR), comme Bruno Le Maire, puissant locataire de Bercy, Sébastien Lecornu aux armées, et Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur, ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy. L’ombre de l’ancien président de droite, qui plaide sans relâche pour une alliance entre LR et le camp présidentiel, plane sur ce casting composé de purs politiques.
Pour les macronistes historiques de sensibilité de centre gauche, absents de cette première salve de nominations, cette équipe gouvernementale illustre la droitisation décomplexée du chef de l’Etat. Un processus entamé lors du premier quinquennat qui a connu son acmé lors de l’adoption, le 19 décembre 2023, de la loi sur l’immigration, écrite sous la dictée des sénateurs LR et votée par l’extrême droite. Le gouvernement Attal vient « planter le dernier clou dans le cercueil du macronisme », se désole un député Renaissance, allié de la première heure d’Emmanuel Macron. « C’est 100 % à droite. C’est même stupéfiant », soupire un ancien ministre, étiqueté à gauche de la majorité.
François Bayrou, patron du MoDem, vigie des équilibres politiques lors des précédents remaniements, fulmine. Son parti, seulement représenté par le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, perd en influence. Le temps où le centriste pouvait bloquer la nomination de Catherine Vautrin à Matignon, en la jugeant trop à droite, comme il l’a fait en mai 2022, semble révolu.
L’ex-premier ministre Edouard Philippe dit, lui, se satisfaire d’avoir au moins obtenu le maintien de Christophe Béchu, secrétaire général de son parti, Horizons, à la tête du ministère de la transition écologique. « Au moment d’un remaniement, il y a toujours des moments de tensions, des frottements, mais pas de rupture », défend l’entourage d’Emmanuel Macron, qui met en avant le « devoir de liberté » du chef de l’Etat vis-à-vis de ses alliés politiques pour ne viser que « l’intérêt du pays ».
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